Quels liens entre ingestion de gluten et syndrome de l’intestin irritable?

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 
Dans la survenue des troubles liés au syndrome de l'intestin irritable (SII), le gluten est très souvent incriminé. Considéré comme responsable de nombreux troubles digestifs, le gluten est régulièrement exclu de l'alimentation des patients SII. Mais est-ce bien le gluten qui est à l'origine de ces troubles ? Le patient SII peut-il aussi être sensible voire intolérant au gluten ? On vous explique tout !
Ingestion de gluten et syndrome de l'intestin irritable : quels rapports ?

Nombre de personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable associent leurs symptômes à l’ingestion de gluten et n’hésitent donc pas à adopter un régime sans gluten. Mais est-ce bien le gluten qui est à l’origine de ces maux ? Les personnes souffrant du SII sont-elles aussi intolérantes au gluten ? On vous explique tout !

Maladie cœliaque, allergie au gluten et sensibilité au gluten non cœliaque : de quoi parle-t-on ?

Difficile de ne pas s’emmêler les pinceaux tant la confusion est fréquente. Un petit rappel est donc nécessaire :

La maladie cœliaque, ou intolérance au gluten, est une pathologie intestinale chronique et auto-immune liée à l’ingestion de gluten, ce dernier étant formé à partir de la gliadine contenue dans de nombreux produits céréaliers. Suite à l’ingestion de gluten, le système immunitaire des malades cœliaques produit des anticorps qui, à terme, causent des lésions de la paroi intérieure de l’intestin. On nomme ce phénomène atrophie des villosités de la muqueuse intestinale. La digestion est alors altérée et l’organisme ne peut assimiler aussi bien les nutriments, les minéraux ou encore les vitamines. Les symptômes sont souvent d’ordre digestifs et guère distincts de ceux du SII : ballonnements, constipation, diarrhée chronique…  La maladie cœliaque, contrairement à l’allergie, apparaît progressivement et s’installe dans la durée, des années peuvent s’écouler entre l’exposition au gluten et l’apparition des symptômes. Elle concernerait 1% de la population française.

L’allergie au gluten est une réaction immunitaire à certaines protéines du gluten. Contrairement à la maladie cœliaque, les symptômes apparaissent immédiatement après ingestion de gluten et peuvent être graves : démangeaisons, gonflements, éruptions cutanées, œdème de Quincke… Très rare, l’allergie au gluten concernerait 0.1 à 0.3% de la population française.

La sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC), quant à elle, se manifeste par des symptômes apparaissant peu de temps après l’ingestion de gluten et disparaissent suite à son éviction. Les troubles sont majoritairement intestinaux et relativement proches de ceux inhérents au SII : ballonnements, douleurs abdominales, gaz, troubles du transit… Aujourd’hui, on dit d’une personne qu’elle souffre de SGNC lorsqu’elle ne souffre ni d’intolérance ni d’allergie au gluten. À ce jour, les causes et l’existence même de ce syndrome demeurent aujourd’hui contestées. Il n’existe d’ailleurs aucun test médical permettant d’établir un diagnostic formel, celui-ci se fait par élimination.

Ingestion de gluten et syndrome de l’intestin irritable : de la cause aux conséquences

Deux équipes de recherche, une italienne et une canadienne, ont établi des liens entre la consommation de produits contenant du gluten et les symptômes du SII. D’après leurs analyses, un tiers des personnes souffrant du SII ressent des douleurs abdominales ou des ballonnements après ingestion de gluten. Est-ce une intolérance ou une sensibilité au gluten ? Quelle que soit l’origine des troubles, l’éviction du gluten conduit à l’amélioration des symptômes.

Bon à savoir : plusieurs tests sérologiques sont nécessaires afin d’écarter une intolérance au gluten et sont ainsi souvent prescrits dans cette sinueuse route qu’est le diagnostic du SII. Mais le SII n’exclut pas l’intolérance (ou maladie cœliaque) puisqu’elle est 3 à 4 fois plus fréquente chez les patients SII. En cas de réponse négative auxdits tests, les symptômes qui apparaissent après l’ingestion de gluten seraient donc symptomatiques d’une SGNC.

Qu’il s’agisse de maladie cœliaque ou de SGNC, les liens semblent ténus entre ingestion de gluten et symptômes du SII. Plusieurs mécanismes sont aujourd’hui à l’étude pour comprendre ces liens, notamment l’hypersensibilité viscérale, l’inflammation chronique à bas bruit ou encore une activation anormale du système immunitaire.

Gluten ou fructanes : qui est le véritable coupable ?

Chez certaines personnes, l’éviction du gluten ne parvient pas nécessairement à mettre un terme aux symptômes digestifs. Et cela s’expliquerait notamment non par une sensibilité au gluten mais plutôt une intolérance aux fructanes, l’un des FODMAPs responsable de nombreux maux des patients SII (de la famille des oligosaccharides). Une étude menée conjointement par l’université d’Oslo et la Monash University (le berceau du régime pauvre en FODMAPs) a récemment suggéré que ce seraient les fructanes, des glucides présents notamment dans le blé, les responsables des troubles propres au SII. Pour arriver à ces conclusions, des patients SII pensant être intolérants ou sensibles au gluten ont consommé quotidiennement des barres de céréales d’abord à base de gluten sans fructanes, puis à base de fructanes et enfin sans gluten ni fructanes. Toutes des barres de céréales avaient une apparence et un goût similaires, il était donc impossible pour les participants à l’étude de déterminer ce qu’ils consommaient.

Résultat ? Les barres de céréales avec fructanes mais sans gluten ont été à l’origine du plus grand cas de troubles intestinaux. Celles constituées de gluten mais sans fructanes n’étaient étonnamment pas à l’origine de problèmes intestinaux. Pour les équipes de recherche, ces résultats coïncident avec la persistance des symptômes chez certains patients SII malgré l’exclusion du gluten. Car si un régime sans gluten ne peut qu’améliorer l’état de santé d’un malade cœliaque, une personne sensible aux fructanes ne verra pas ses troubles diminuer malgré l’éviction du gluten. Et c’est ce qui semble se passer bien souvent, car les fructanes sont présents dans d’autres types d’aliments, notamment les produits sans gluten ou bien l’ail, l’oignon, l’artichaut, le poireau ou encore l’asperge ?

À découvrir sur le même sujet :
Comment mettre un terme aux symptômes du SII grâce à notre régime pauvre en FODMAPs ?
Comment soulager naturellement les douleurs liées au syndrome de l’intestin irritable ?

Sources :
- Haute Autorité de Santé,
- Dr. Schär Institute,
- Initiative Gluten,
- Gry I. Skodde et al., "Fructan, Rather Than Gluten, Induces Symptoms in Patients With Self-Reported Non-Celiac Gluten Sensitivity", Gastroenterology, 2018;154:529–539,
- Volta U et al., "Dietary triggers in irritable bowel syndrome: Is there a role for gluten", J Neurogastroenterol Motil., 2016 Jul 16,
- Biesiekierski JR et al., "Gluten causes gastrointestinal symptoms in subjects without celiac disease: A double-blind randomized placebo-controlled trial", Am J Gastroenterol., 2010;106:508-514,
- Sofi F et al., "Effect of Triticum turgidum subsp. turanicum wheat on irritable bowel syndrome: a double-blinded randomised dietary intervention trial", Br J Nutr., 2014 Feb 13:1-8,
- Sciences et Avenir,
- La Nutrition.

Experts en santé et nutrition depuis plus de 10 ans

Confidentialité totale de vos données de santé

94% de nos clients ont atteint leur objectif

Paiement sécuriséPaiement sécurisé

20 rue d'Arcole, 16000 Angoulême
09h - 18h