Les mécanismes de l’obésité décryptés

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Une récente étude a souligné que les gènes liés à l'obésité commune n'auraient pas de réel impact sur la régulation de la faim, mais feraient intervenir des mécanismes liés à l'addiction et à la récompense. On vous explique :
Les mécanismes de l'obésité décryptés

L’obésité est une maladie chronique dont la prise en charge est maintenant très codifiée. Régimes alimentaires, exercice physique ou chirurgie bariatrique en sont les grandes lignes. Mis si l’obésité était le résultat d’une dépendance à la nourriture ? Cette théorie s’appuie sur des observations qui ont montré des similarités entre la prise alimentaire et les comportements addictifs. Récemment, une étude scientifique est venue appuyer cette théorie. Explications.

Le bonheur selon notre cerveau

Plus votre alimentation est riche en graisse et en sucres, plus vous avez envie de manger. Ce cercle vicieux est encouragé par notre cerveau qui nous encourage en nous envoyant des messages de récompense et des sensations de plaisir.
La récompense est créée par le cerveau par le biais de la dopamine, neurotransmetteur synthétisé par certaines cellules nerveuses. Elle encourage la personne à l’exploration, la vigilance, la recherche du plaisir et à éviter la punition. Certains aliments, très énergétiques et dont le goût nous plaît, font augmenter notre taux de dopamine, renforçant ainsi l’intensité de ce sentiment de récompense. 
Dans les comportements addictifs, la prise répétée de la substance modifie à long terme les réseaux cérébraux et perturbe la recherche du plaisir. Le réseau dopaminergique s’emballe et provoque un besoin incessant de plaisir, obligeant ainsi la personne à une consommation régulière et de plus en plus importante.

Bien-être et endorphine

Autre sensation de bien-être, le plaisir encouragé par la production d’endorphine. Le mot endorphine vient de la contraction de deux mots : endogène et morphine. Les endorphines sont des neuropeptides synthétisés par le cerveau lors de prise de substances psycho-actives. 

Elles ont un effet contre la douleur, l’angoisse et réduisent l'appétit, la fréquence respiratoire et le stress. Leurs effets varient d’une personne à l’autre chez certaines, elles provoquent une somnolence et une relaxation mais, chez d'autres, une euphorie ou un plaisir immédiat. Les aliments provoquant une production d’endorphine sont riches en sucres et en graisses.

Le craving, un manque de sérotonine

Qu'est-ce donc que le craving ? Marc Auriacombe, Fuschia Serre et Mélina Fatséas en donnent une définition précise : « Dans le domaine de l’addiction, le craving désigne une envie irrépressible de consommer une substance ou d’exécuter un comportement gratifiant alors qu’on ne le veut pas à ce moment-là. Ce dernier aspect involontaire du craving est parfois oublié dans la définition ». La sérotonine jouerait un rôle clé dans le craving. La sérotonine est un neurotransmetteur qui contrebalance la dopamine et surtout inhibe certaines régions du cerveau. Un taux bas de sérotonine entraîne une désinhibition de la personne, la poussant ainsi à une consommation excessive de substances ou d’aliments, une activité sexuelle importante, etc.

Une étude scientifique élucide les mécanismes de l'obésité

Pour venir appuyer cette théorie, apparue pour la première fois en 1956, une équipe française de l’Institut Pasteur de Lille (Université de Lille/CNRS), a montré que les gènes liés à l'obésité commune font intervenir des mécanismes liés à l'addiction et à la récompenseCette étude s’est intéressée à l’obésité commune, la forme la plus courante dont les causes sont très bien reconnues. « …la forme commune est associée à un besoin de manger pour gérer un stress, des émotions… », résume le Pr Philippe Froguel, un des collaborateurs de cette étude. Les chercheurs ont étudié les associations génétiques de 4236 personnes obèses et ont découvert plus de 250 gènes ayant un rôle dans la prise de poids. Parmi ces gènes la majorité s’exprime dans le cerveau et plus particulièrement dans l’insula et dans la substance noire, régions du cerveau impliquées dans l’expression de la récompense et de l’addiction.

Les chercheurs précisent : « Ces gènes de susceptibilité à l’obésité courante pourraient avoir un effet sur les comportements de dépendance à l’alimentation et de récompense par le biais de leur expression élevée dans la substance noire et l’insula, c’est-à-dire un schéma différent de celui des gènes de l’obésité monogénique qui agissent dans l’hypothalamus et causent l’hyperphagie ».

Un changement radical

La dépendance à la nourriture ferait intervenir les mêmes mécanismes que celle à la drogue, l’alcool voire le sexe… Mais si cette hypothèse s’avère exacte les implications sur la prise en charge des personnes pourraient changer significativement :  
- le manque de motivation ne serait pas l’unique critère de rechute chez les patients obèses suivant un programme de perte de poids ;
- l’abstinence de nourriture n’est pas une solution, il faut envisager d’autres axes de traitement.

Tout comme le baclofène contre l’alcoolisme on pourrait ainsi imaginer un ou des traitements capables de soigner l’obésité. Affaire à suivre de très près…

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Sources :
- Nature,
- Revue médicale suisse,
- Le Quotidien du médecin,
- "Le craving : marqueur diagnostic et pronostic des addictions ? », Marc Auriacombe, Fuschia Serre et Mélina Fatséas.

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